S’évader près de chez soi.
S’évader le temps d’un week-end. Mettre de côté les contraintes du quotidien. Partir, mais pas forcément loin. La tendance est désormais profondément ancrée dans l’approche qu’ont les Français de leurs loisirs. Le phénomène s’est développé depuis les années 2000 et l’instauration des réductions du temps de travail. Un jour par-ci, deux jours par-là, la possibilité de bénéficier de temps libre supplémentaire a, pour certains, été un véritable déclencheur du recours aux courts séjours. Et parmi eux, nombreux sont les camping-caristes et autres vanlifers qui n’hésitent plus à partir deux ou trois jours, non loin de chez eux, pour se ressourcer et profiter des atouts de la région où ils vivent.
LA CRISE SANITAIRE, UN CATALYSEUR
La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer le phénomène. « Cette crise a moins joué le rôle de déclencheur que de catalyseur, explique Jean-Didier Urbain, anthropologue spécialiste du tourisme et des mobilités. Elle a accéléré des évolutions dans beaucoup de domaines : télétravail, téléachat, etc., qui invitent à l’isolement et l’entre-soi, à l’immobilité dans l’univers résidentiel, et à la mobilité protégée dans le cadre du voyage.
Les camping-cars et caravanes incarnent parfaitement ce désir de mobilité protégée, qui concilie entre-soi convivial ou tribal et désir de voyage en marge du collectif. » Le spécialiste, qui souligne l’engouement pour les camping-cars, vans et fourgons, relève également que ce type de véhicule met les usagers à l’abri des contraintes du collectif, qu’il s’agisse de transport ou d’hébergement marchand. Tout en répondant à une forme de conscience écologique puisqu’il est possible de profiter de moments de loisirs non loin de chez soi et donc sans afficher le bilan carbone d’un séjour à l’étranger par exemple.
L’ÉVASION FACILE :
Il est vrai que camping-cars, vans, fourgons et autres caravanes incitent à l’évasion. Nul besoin de planifier ou de réserver un logement. Emplacements de stationnement classiques, aires d’accueil, campings, étapes « France Passion » ou « Bienvenue à la Ferme »…, les possibilités de trouver un lieu agréable où passer la nuit sont multiples et accessibles à tout moment. Le beau temps est soudainement de la partie ? Il suffit de prendre le volant pour aller visiter un lieu méconnu de sa région ou, pour les habitants de l’Ouest ou du Sud de la France, de profiter d’un week-end en bord de mer, à seulement quelques dizaines de kilomètres de chez soi, voire moins. On exerce sa profession en partie en télétravail ? Là aussi il est possible de partir tout en continuant à travailler la journée, bien installé dans son véhicule. Des compétitions sportives sont organisées dans une autre ville que la sienne ? Nul problème d’hébergement ou de transport. Les usages des véhicules de loisirs sont multiples. Pour certains, notamment les détenteurs de vans et fourgons, ils servent même de second véhicule au quotidien avant de redevenir un moyen d’évasion le temps d’un week-end ou lors des vacances. Le signe que les frontières ne sont plus aussi marquées que par le passé entre vie quotidienne et moments de loisirs.
