Enquête

Quel accueil à l’occasion des jeux olympiques 2024 ?

À l’approche des jeux Olympiques de 2024, la question de l’accueil et l’hébergement des spectateurs est au centre des réflexions des communes estampillées sites olympiques. Si rien n’est véritablement décidé, il est clair que l’hôtellerie de plein air pourrait avoir un rôle à jouer et que la question de l’accueil des camping-cars, vans et fourgons doit trouver une réponse


Les chiffres donnent le tournis. Au moins 600 000 spectateurs attendus le long de la Seine pour l’ouverture des Jeux, 13,5 millions de billets commercialisés pour assister aux 48 disciplines olympiques et 23 disciplines paralympiques. Quant aux nombres de touristes, ils se compteront probablement par centaines de milliers lors des jeux Olympiques organisés à Paris du 26 juillet au 11 août et des jeux paralympiques qui suivront du 28 août au 8 septembre. Avec un enjeu majeur, les accueillir dans les meilleures conditions et leur donner envie de prolonger leur séjour ou de revenir ultérieurement pour visiter le pays. Français ou étrangers, les amateurs de sport vont devoir se loger à proximité des sites retenus pour l’organisation des différentes compétitions. Une manne pour les hôtels, assurés de faire le plein, mais aussi pour les particuliers désireux de louer temporairement leur logement. Airbnb l’a bien compris puisqu’il figure au rang des partenaires mondiaux des jeux.

L’hébergement, un enjeu primordial de l’organisation des jeux

Pour autant, la question du logement risque vite de s’ériger en véritable casse-tête pour les spectateurs français ou étrangers, mais aussi pour les responsables des villes concernées par les compétitions ou les phases d’entraînement. Pourtant, l’accueil des participants comme des visiteurs est un enjeu majeur de l’organisation tant les Jeux sont un reflet de l’image de marque de notre tourisme. Les pouvoirs publics ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. « La France est totalement engagée dans l’organisation des deux événements sportifs historiques pour notre pays : la Coupe du monde de rugby en 2023, mais aussi les jeux Olympiques et paralympiques l’an prochain, expliquait Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, lors d’une conférence de presse sur le bilan touristique de la période estivale 2022. Les retombées économiques pour le secteur, et de nombreux autres secteurs économiques, seront considérables. Le gouvernement travaille d’ores et déjà conjointement avec les acteurs du tourisme français, pour préparer l’accueil des touristes lors des ces deux événements, et permettre à la France de garder sa place de première destination mondiale. »

Quel rôle pour l’hôtellerie de plein air ?

Dans ce défi du logement, chacun des acteurs du secteur aura un rôle à jouer, même si les choses ne sont pas encore bien définies à moins de vingt mois des jeux. Ainsi, l’hôtellerie de plein air, avec ses milliers d’établissements équipés de mobil-homes spacieux et confortables, pourrait tenir sa place. « Pour certains sites régionaux, nous pouvons avoir un rôle à jouer. Mais c’est encore trop tôt pour le définir car les travaux sur ce sujet ne commenceront réellement qu’en 2023. Ce qui est clair, c’est que nous jouerons le jeu quoi qu’il arrive avec le Comité d’organisation des jeux Olympiques, souligne Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA). La participation peut revêtir plusieurs formes : par exemple, pour la Coupe du monde 2023 de rugby, nous avons un partenariat avec Comité d’organisation afin de former des apprentis. Ils seront opérationnels lors de l’événement, dans le traitement des billets, l’accueil et l’accompagnement des spectateurs. Les possibilités d’accompagnement d’un événement comme les J.O. de Paris 2024 sont donc nombreuses, au-delà du simple hébergement. » Pour les sites olympiques, mais aussi toutes les villes qui serviront de base arrière pour l’entraînement des athlètes, l’accueil des camping-caristes sera également un enjeu de taille.

Bien accueillir les camping-caristes

De fait, selon une étude Ipsos-UNI VDL d’octobre 2021, 51 % des propriétaires de camping-cars, vans ou fourgons neufs utilisent leur véhicule pour suivre des grands événements. Nul doute qu’ils seront donc nombreux à vouloir assister aux épreuves des jeux. L’avantage pour les sites concernés est que camping-cars, vans 9 accueil en masse. Depuis 2002, par exemple, les Fêtes maritimes internationales de Brest occupent le devant de la scène maritime tous les quatre ans, au mois de juillet. Durant 6 à 7 jours, des passionnés peuvent voir, mais aussi monter à bord, des plus grands bateaux du monde. Une manifestation qui a enregistré, lors de sa dernière édition, en 2016 (l’édition 2020 ayant été annulée pour cause de Covid), 712 000 entrées payantes. Lors de cet événement, des milliers de camping-caristes répondent présents et bénéficient d’un accueil spécialement étudié pour eux. Un minimum de 375 places de stationnement, chiffre pouvant approcher les 500 en cas de besoin, sont donc proposées aux camping-cars, vans et fourgons durant la durée des et fourgons ne nécessitent que très peu d’infrastructures.

Leurs véhicules sont autonomes, leurs seuls besoins étant de pouvoir stationner sur des emplacements stabilisés, faire le plein d’eau et accéder à une borne de vidanges des eaux grises ou noires tous les deux ou trois jours. Certains territoires sont d’ailleurs rodés à leur festivités. « Le temps des fêtes, nous mettons à disposition des emplacements de stationnement sur des stades ou des centres sportifs dotés de parkings adaptés, souligne Fortuné Pellicano, adjoint au maire de Brest, président délégué des Fêtes maritimes de Brest. Sur les cinq sites mobilisés nous sommes en mesure de proposer des conditions d’accueil optimales avec sanitaires et douches à disposition.

La gestion de l’accueil est opérée par l’office du Tourisme, les camping-caristes pouvant acheter ou réserver leur emplacement via l’organisme au tarif de 13 euros plus un euro par personne lors de la dernière édition. De plus, des agents de la ville sont mis à disposition pour accueillir les visiteurs sur chaque site et remettre les fiches d’autorisation de stationner. » Une organisation bien huilée qui témoigne des possibilités d’hébergement offertes par les camping-cars à l’occasion des grands événements.

De nombreuses réflexions en cours

Moins en pointe sur cet accueil temporaire, d’autres villes songent à le renforcer. À Rouen, qui dispose d’une aire d’accueil d’une vingtaine de place au niveau du port de plaisance ainsi que d’un terrain stabilisé en goudron sur l’Île Lacroix occupé par des camping-cars depuis une trentaine d’année, les édiles ont décidé de créer une véritable aire d’accueil sur l’île avant la prochaine édition de l’Armada, du 8 au 18 juin 2023. « Pour le moment, nous n’avons pas de lieux d’accueil temporaires, mais nous y travaillons, souligne Sileymane Sow, adjoint au maire à Rouen. Nous serons base arrière pour le nautisme durant les jeux Olympiques et la question de l’accueil des camping-cars, vans et fourgons se pose. » Des réflexions conduites par de nombreux autres sites olympiques qui trouveront leurs réponses au cours de l’année à venir

Extrait du magazine VDL 134 – Janvier 2023