Camping-caristes : Des touristes à valoriser

Depuis toujours, les véhicules de loisirs connaissent un grand succès en France et en Europe. Ils offrent à leurs propriétaires un espace de liberté, mais aussi la possibilité de partir en vacances ou en week-end à moindre coût. Un atout non négligeable à l’heure où la hausse des prix contraint les budgets vacances.

Les VDL ce sont des vacances ou des week-ends en plein air, toute l’année, partout dans l’Hexagone. C’est presque un art de vivre. Roland Dorgelès écrivait Le voyage pour moi, ce n’est pas d’arriver quelque part, c’est l’imprévu de la prochaine escale, des joies de connaître sans cesse autre chose. Une citation qui résume la philosophie des adeptes du camping-car.

Les VDL c’est en effet la liberté de partir, tout en gardant son confort, c’est l’alternative à un hébergement standardisé, c’est une offre sur-mesure que les camping-caristes se fabriquent. Un phénomène qui prend sans cesse de l’ampleur du fait du vieillissement de la population. Ainsi, selon l’Insee, au 1er janvier 2019, 13,4 millions de personnes résidant en France ont 65 ans ou plus, soit 20 % de la population. Cette proportion a progressé de 4 points en 20 ans, elle place ainsi la France au niveau de la moyenne de l’Union européenne.

Même si l’esscor des vans et d’autres fourgons aménagés post-Covid a permis de rajeunir légèrement la population des utilisateurs de VDL, la majorité des adeptes sont des retraités. Ils ont en effet la possibilité de partir régulièrement, et ont un pouvoir d’achat relativement important.

Ainsi, selon le rapport d’Ipsos pour UNI VDL « Camping-caristes : profil et comportements en 2021 », 61 % des propriétaires de camping-cars neufs et 68 % des propriétaires de vans neufs affichent des revenus supérieurs à 2 500 euros nets par mois. Ils sont également 29 % et 37 % à disposer de revenus supérieurs à 3 500 euros.

Le chiffre : 72% des voyageurs seniors partent en dehors des périodes de vacances scolaires.

Pour ces retraités, l’inflation et la hausse des prix de l’immobilier rendent l’accès à une résidence secondaire plus difficile. Selon l’Insee les prix de l’immobilier dans l’ancien ont augmenté de près de 30 % en moyenne entre 2013 et 2023. Les VDL peuvent remplacer l’achat d’une résidence secondaire et permettent de profiter du calme et de la nature sans contrainte. Et ceux qui souhaitent une autre solution peuvent louer un véhicule car l’offre de location s’est largement développée ces dernières années.

Interview de Michel Freiche, président d’UNI VDL

Comment expliquez-vous les bonnes performances du marché des véhicules de loisirs en France et en Europe ?
La bonne dynamique des marchés des véhicules de loisirs en Europe s’inscrit dans la continuité de l’élan post-Covid. Après les confinements, le camping-car en particulier a répondu à un fort désir de liberté et d’évasion, tout en offrant un environnement sécurisé sur le plan sanitaire. Ce phénomène a été amplifié par une médiatisation positive du produit, notamment à la télévision, qui a permis de mieux le faire connaître. Face à une demande soudaine et massive, les constructeurs ont eu des difficultés à suivre, ce qui a provoqué un essor rapide du marché de l’occasion. La crise des semi-conducteurs a également pesé, mais depuis 2024, les capacités de production sont revenues à la normale, et l’offre peut désormais répondre pleinement à la demande.

Comment interprétez-vous la progression des ventes de vans et fourgons ?
Cette évolution s’explique principalement par la baisse des prix des produits. En effet, depuis une quinzaine d’années, les fabricants de camping-cars ont industrialisé la fabrication de vans et fourgons, auparavant réalisés de façon artisanale. Cela les a rendus plus accessibles, au point qu’ils représentent aujourd’hui plus de 50 % des ventes de camping-cars dans les principaux pays. On entend souvent dire que cette tendance attire une clientèle plus jeune. En réalité, ce n’est pas si évident : l’âge moyen d’un acheteur de camping-car traditionnel est de 60 ans, contre 58 ans pour celui d’un van ou d’un fourgon. La différence est donc minime. D’ailleurs, les constructeurs ont aussi développé des camping-cars plus compacts et maniables, proches en taille et en praticité des fourgons, ce qui accentue cette convergence.

Les retraités, qui ont souvent un pouvoir d’achat plus élevé, sont-ils au cœur de votre clientèle ?
Absolument. Selon une étude IPSOS pour UNI VDL réalisée sur les acheteurs de camping-cars en France, les deux tiers des possesseurs sont retraités ou pré-retraités. Les jeunes sont certes intéressés par ce mode de vacances et de loisirs permettant une réelle proximité avec la nature, mais leur budget ne leur permet pas toujours l’achat d’un véhicule neuf. Ils se tournent donc logiquement vers l’occasion, qui en France représente entre 2,5 et 3 fois le marché du neuf. Le kilométrage moyen effectué par les utilisateurs en France est de l’ordre de 8 000 kms chaque année, et comme la partie habitable du véhicule a une durée de vie de plusieurs dizaines d’années, on trouve un fin marché des véhicules ayant 10, 20 voire 30 ans en bon état de fonctionnement et à des prix très abordables y compris pour des revenus modestes.
Le facteur déterminant de l’acte d’achat, n’est cependant pas tant le pouvoir d’achat que le temps disponible pour ses loisirs. Pour profiter pleinement d’un camping-car, il faut pouvoir partir souvent, sur des périodes courtes et longues tout au long de l’année. L’utilisateur passera en moyenne 70 nuits chaque année dans son véhicule, un rythme difficilement compatible avec une vie active. Nos clients sont donc majoritairement des retraités, pré-retraités ou des enseignants, des profils disposant de davantage de temps libre.

Les politiques publiques sont-elles adaptées aux besoins du secteur, notamment en matière d’accueil dans les communes ?
Globalement, oui. Une circulaire interministérielle adressée aux Préfets rappelle que les camping-cars ne sauraient être privés du droit de circuler ou de stationner dès lors que l’arrêt ou le stationnement n’est ni dangereux, ni abusif, ni gênant. La difficulté vient de certaines communes ou agglomérations ignorantes du droit qui adoptent parfois des arrêtés restreignant de façon abusive la circulation ou le stationnement des camping-cars. Nous tâchons d’initier un dialogue avec ces collectivités afin de trouver des solutions permettant de restaurer la liberté d’utilisation des camping-cars en prenant en compte les spécificités et les contraintes de ces territoires.

Quelles sont vos priorités en tant que président d’UNI VDL ?
À l’issue des dernières élections européennes et législatives, le Parlement européen et l’Assemblée nationale ont accueilli de nombreux nouveaux élus. Il est important de les rencontrer pour leur présenter notre filière, et les sensibiliser à ses enjeux et ses spécificités. Nous devons faire comprendre que le camping-car n’est pas un simple véhicule automobile, mais aussi une habitation, et qu’il ne peut donc être soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux voitures. Notre deuxième priorité, c’est de réussir le Salon des Véhicules de Loisirs, qui se tiendra fin septembre au Bourget. C’est la vitrine de la filière. Nous mettons tout en œuvre pour garantir une fréquentation à la hauteur des attentes, et faire de ce rendez-vous un succès aussi bien pour les exposants que pour les visiteurs.