Financement des VDL : Un enjeu de croissance

La dynamique du marché des véhicules de loisirs est intimement liée aux possibilités de financements offertes aux acquéreurs. Très présentes dans les concessions, les sociétés de financement considèrent les acheteurs comme des profils peu risqués.

Les acheteurs de véhicules de loisirs (VDL) ont un profil très intéressant en matière de crédit. Ce sont majoritairement des retraités, qui n’ont donc pas de risque de perte d’emploi, ayant bien souvent terminé de payer leur résidence principale, et arrivant souvent à un âge où ils héritent ou ont hérité. De plus, la valeur des VDL reste largement supérieure à ce qu’il reste à payer comme crédit. Revendre un camping-car, un mobil-home ou une caravane permet généralement de récupérer une somme conséquente. Le marché de l’occasion en est d’ailleurs très actif, et ces véhicules conservent une valeur résiduelle élevée, même après plusieurs années d’utilisation.

Pour acheter leur VDL, cette clientèle n’hésite pas à recourir au crédit pour financer leur projet. « La grande majorité de ces clients acheteurs de camping-cars ou de mobil-homes ont un profil très favorable », remarque Sophie Moulin, directrice générale déléguée de Crédit Agricole Auto Bank France. Cet achat est souvent le fruit d’une réflexion de plusieurs années, avec un projet très élaboré, notamment sur le plan du budget pour les primo-accédants. « Dans le cas des clients renouvelants, leur expérience leur permet d’appréhender de manière très précise leur capacité budgétaire et ainsi de cibler la catégorie de véhicules pour laquelle ils pourront opter. Enfin, et même si les actifs se font de plus en plus nombreux pour le marché des véhicules de loisirs, la grande majorité des clients sont aujourd’hui retraités, et disposent donc d’un pouvoir d’achat plus important. »

L’extension de garantie favorable à l’emprunt

Des conditions optimales qui ne suffisent pas pourtant à expliquer leur volonté d’emprunter puisque l’on peut imaginer que nombre d’entre eux ont une épargne suffisante pour payer leur achat. Pourtant, plusieurs raisons expliquent l’importance de recourir à l’emprunt. « Les acheteurs de camping-cars optent à des financements extérieurs pour différentes raisons », explique Christophe Michail, responsable de la mobilité pour BNP Paribas Personal Finance en France.

La première est qu’il s’agit d’un achat significatif, d’un montant important, et ils n’ont pas forcément envie d’utiliser leur épargne pour l’acheter. Même s’ils ont un niveau d’épargne assez élevé ils préfèrent ne pas y toucher et la réserver en cas de coup dur, que ce soit pour eux ou pour leurs enfants ou petits-enfants. Par ailleurs c’est une population qui est sensible aux protections associées au financement et notamment à l’extension de garantie. Beaucoup empruntent pour en bénéficier durant toute la durée du crédit. Cela traduit le besoin des acheteurs de camping-cars d’être rassurés et d’éviter les mauvaises surprises.

Un besoin de réassurance que confirme Sophie Moulin : « Les clients recherchent un financement adapté à la particularité de ces achats qui s’apparentent en partie à un investissement immobilier ; les durées proposées (jusqu’à 156 mois) et les prestations spécifiques (comme l’extension de garantie pour le camping-car) répondent bien aux besoins particuliers de ces types d’achats. »

Des crédits classiques

Dans l’ensemble, c’est en grande majorité des ménages qui souscrivent sous forme de crédits classiques, parfois en locations avec option d’achat (LOA), notamment lors de l’achat de vans ou de fourgons par des primo-accédants. Enfin, parallèlement à des achats de véhicules à des fins professionnelles de plus en plus fréquents, la solution du crédit-bail a fait son apparition.

« La LOA reste très minoritaire mais monte », remarque Christophe Michail. « On pourrait imaginer que la LOA se développe davantage sur le marché des véhicules de loisirs comme pour les automobiles, mais pour le moment cela ne répond pas aux attentes des clients. Ils sont très attachés au fait d’être propriétaires. »

Des attentes scrutées de près par les sociétés de financement pour lesquelles le marché des véhicules de loisirs est essentiel. « Nous sommes très présents dans les concessions et disposons d’une expertise notable », conclut Christophe Michail. « Les véhicules de loisirs sont des marchés importants pour nous. Le financement c’est maintenant une part clé du business camping-cars. C’est un véritable levier pour la croissance du marché. »

Des mobil-homes à crédit

Sur son site internet, le groupe Siblu, qui compte 43 campings propriétaires de mobil-homes en Europe, dont 28 en France, met en avant les possibilités de financement pour l’achat de mobil-homes. Il propose des modèles d’occasion entre 14 500 et 70 000 euros et du neuf entre 34 000 et 85 000 euros. Étant donné son caractère « mobile », c’est un crédit à la consommation qui est proposé et non un crédit immobilier.

« Nous sommes partenaires agréés de plusieurs sociétés de financement qui sont toutes des filiales de grands groupes bancaires ». Dans le but d’apporter un service complet, Siblu se charge du dossier de financement dans sa globalité : de l’accompagnement dans le choix du mobil-home et de l’emplacement, en passant par la constitution de la demande de crédit auprès des organismes de financement.

Résidences Trigano s’occupe également pour ses clients du financement et de son accompagnement. « Résidences Trigano vous accompagne dans votre recherche de financement et vous met en relation avec ses partenaires spécialisés. Ils vous proposeront des solutions personnalisées pour financer et protéger votre mobil-home », a détaillé le groupe. Afin de s’adapter à la capacité de remboursement et d’être au plus près des besoins de sa clientèle, les partenaires financiers du groupe réalisent systématiquement une simulation de prêt « mobil-home ». Une capacité réelle et concrète pour visualiser le montant mensuel à rembourser.

« Le risque d’impayé est faible », Interview de Patrick Sanz,
président de la Dica (Fédération nationale des distributeurs de véhicules de loisirs)

Les camping-caristes obtiennent souvent facilement un financement pour acheter leur camping-car ou leur van, pourquoi ?
Les acquéreurs de camping-cars appartiennent à une population établie socialement et financièrement, d’une moyenne d’âge la plus souvent supérieure à la cinquantaine, qui ne suscite aucune inquiétude quant à sa capacité à respecter ses engagements et assurer le paiement des échéances jusqu’à la fin du crédit. Le risque d’impayés est donc faible pour les sociétés de financement qui apprécient cette clientèle.

Les distributeurs proposent des financements dans leurs concessions. Pourquoi apporter ce service ?
Les distributeurs sont convaincus de l’intérêt d’accompagner leurs clients dans le financement de leurs acquisitions. Cette activité permet de faciliter les négociations. Les plus gros distributeurs disposent de personnels spécialement affectés, chargés du financement. Ces conseillers apportent une information complète aux acquéreurs, tant sur le plan de la durée des financements, que sur les garanties spécifiques qui les accompagnent (garanties mécaniques et cellule, perte financière).

Quelles sont les principales options de financement pour l’achat d’un véhicule neuf ?
Compte tenu des montants financés, ce sont surtout des crédits classiques, avec des remboursements qui peuvent s’étaler jusqu’à 180 mois – la moyenne se situant à 120 mois –, ce qui permet de conserver un montant résiduel au fil des échéances en corrélation avec la valeur de revente du véhicule. Il existe parallèlement la location avec option d’achat (LOA) qui, à l’instar du secteur automobile, séduit un public désireux de changer régulièrement leur camping-car, et dont la valeur de revente a été fixée préalablement.

Quel pourcentage des ventes de camping-cars est aujourd’hui réalisé avec un financement ?
Le financement permet un nombre important de ventes pour les camping-cars neufs ou d’occasion. On l’estime à 65 % en chiffre d’affaires.

La Dica propose-t-elle des conseils ou des outils à ses adhérents en la matière ?
Le financement sur le lieu de vente est souvent source de litiges. C’est pourquoi la Dica assiste ses adhérents et les invite au respect des procédures. Cela concerne l’offre de financement, son suivi, mais également le respect du droit de rétractation, souvent mal compris.

Les dossiers de mécontentement la plupart du temps sont dus à une absence de rigueur dans la rédaction des contrats, même si la non-maîtrisation prend de plus en plus le pas sur l’enregistrement numérique des dossiers. Notre Fédération s’emploie à former les vendeurs et secrétaires commerciales afin d’éviter toute déconvenue.

Question à Sophie Moulin directrice générale déléguée de Crédit Agricole Auto Bank France

Quel est le profil des acheteurs ayant recours au financement ?
« L’âge moyen des clients est de 59 ans à la souscription, et 45 % d’entre eux sont retraités ; 80 % de ces acheteurs sont mariés. La durée moyenne du financement à la souscription est de 136 mois, et le montant moyen emprunté est de 35 000 €. 76 % des souscripteurs sont propriétaires de leur résidence principale. »